Voici un extrait de l'article de A. Richard et de R. Govain, pour contextualiser le massacre du persil :
« En 1937, plus de 30 000 Haïtiens et Dominicains d’ascendance haïtienne furent massacrés en quelques jours par l’armée et les forces de police dominicaines sous la présidence de Rafael Leónidas Trujillo Molina. Ce génocide aux couleurs de nettoyage ethnique reste encore peu connu dans l’histoire mondiale moderne. Il reste marqué du sceau de la langue et de son utilisation comme un outil de détection de l’origine des locuteurs. En effet, la langue espagnole fut utilisée à travers l’emploi du mot « perejil » (persil) pour identifier les individus incapables de prononcer « correctement » ce terme. Face à l’hésitation ou à l’échec de la production nette d’un /r/ (« r » roulé) suivi d’un /x/ (jota), c’était la mort souvent à coup de machette ou de couteau. La notion de schibboleth permet de mettre au jour cet usage criminel de la langue.» (Arnaud Richard et Renauld Govain, « Schibboleth, la langue comme arme de détection massive : 1937, le massacre des Haïtiens » )
Haïti et la RD se trouvent sur l’île d'Hispaniola. Il y a une forte tension entre les deux états. D'ailleurs, c'est encore d'actualité. La RD aurait une position de dominant. Il y a des discriminations de l’ordre de l'apparence et des ''origines'' alors qu'il y a de nombreuses ressemblances entres les deux peuples, ayant des descendances communes. La langue est différente sur ces deux territoire, l’une a pour langue officielle l'espagnol et l'autre le créole et le français. La langue est formatrice de communauté, de façon consciente, ou non. Dans ce cas précis, la langue a opposé deux communautés, les haïtiens d'un côté, et les dominicains de l'autre. Si certains était apte a prononcé le mot persil de la bonne façon attendu par les dominicains, ils étaient inclus dans cette communauté, les autres étaient exclus, et de façon concrète, tués. La langue continue a être un facteur détourné de discrimination, inclusion, exclusion etc... De manière systématique et ''pratique'' si je puis dire, nous nous adressons et formons des groupes de pairs avec les personnes partageant la ou les mêmes langues que nous, pour pouvoir se comprendre. Mais cela devient discriminatoire lorsque certains groupes sont discriminés de part la langue qu'ils parlent, et c'est le cas pour les langues d'Afrique. Aujourd'hui, les parents d'enfants inscrits dans l'enseignement français, sont contents que des cours d'anglais, d'allemand, d'espagnol soient proposés mais pour les cours de langue arabe, il y a une forte réticence, et beaucoup de débats ont émanés de cette question. Pourtant, l'arabe est une langue aussi légitime que celles citées précédemment. Mais elles sont attribués à une certaines ethnicités, et celle ci dérange. Trujilo et certains dominicains (dont j'ai pu lire les commentaires sur des vidéos du massacre), justifient ou ont justifié le massacre comme une façon de faire face à l'invasion des haïtiens qui auraient tentés de s'accaparer le reste de l'île.
sources: Arnaud Richard et Renauld Govain, « Schibboleth, la langue comme arme de détection massive : 1937, le massacre des Haïtiens », Lengas [En ligne], 80 | 2016, mis en ligne le 23 mars 2017, consulté le 01 janvier 2019. URL : http://journals.openedition.org/lengas/1193 ; DOI : 10.4000/lengas.1193
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